Les mythes face à la course à pied

La course à pied est un sport en plein essor, ne nécessitant pas beaucoup d’équipement, il est donc accessible à la majorité de la population. Par contre, il est parfois difficile de déterminer quelles sont les bonnes pratiques à adopter parmi toute l’information que nous pouvons lire sur le sujet. Cela dit, il est important de s’informer des récentes conclusions scientifiques afin de minimiser les risques de blessures, qui peuvent survenir lorsque la préparation au sport est inadéquate. Plusieurs fausses croyances concernant la course à pied se sont développées avec le temps et il est essentiel de les démystifier. 

Ai-je plus de chance de me blesser à la course à pied si j’ai un surpoids ?

Ai-je plus de chance de me blesser à la course à pied si j’ai un surpoids ? Un des facteurs augmentant le risque de blessure à la course à pied est la VITESSE de force d’impact et non pas la FORCE d’impact. Plus l’impact est installé rapidement par le talon, plus l’absorption est difficile à faire pour l’appareil musculaire et plus les structures articulaires prennent le coup. Une personne ayant un surpoids peut donc contrôler ce facteur afin de limiter ses risques de blessure autant qu’une personne ayant un poids santé. La vitesse de force d’impact peut être contrôlée via certains paramètres comme l’attaque mi-pied, le tibia vertical (voir photo) ainsi que la diminution de la grandeur de foulée qui permet une mise en charge plus près du centre de gravité. Le choix d’une chaussure plus légère et près du sol peut aussi aider à modérer l’impact au sol.

Les chaussures nous protègent-elles des blessures d’impact ?

La chaussure traditionnelle (maximaliste) a longtemps été considérée comme la chaussure de choix pour protéger le pied des impacts de la course à pied. Par contre, plusieurs études démontrent qu’au contraire, la chaussure traditionnelle incite le coureur à avoir une attaque du talon, qui constitue un patron de course qui s’éloigne du patron naturel. Ceci dit, lorsque l’on retire la chaussure au coureur, il aura tendance à courir sur l’avant du pied, permettant ainsi de protéger ses articulations supérieures (genou, hanche, dos) via un mécanisme musculaire d’absorption. Bien évidemment, le coureur pieds nus n’aura pas tendance à courir sur le talon, simplement pour ne pas se faire mal au talon.

Il est donc faux de penser que les chaussures de course traditionnelles protègent des blessures d’impact car, au contraire, le rembourrage important qu’ offrent ses chaussures incite une attaque du talon qui, comme mentionné plus haut, augmente le risque de blessure aux articulations supérieures.

Un nouveau coureur aura tout intérêt à choisir un soulier avec un plus haut indice minimaliste parce qu’il minimisera dès le départ le risque de blessure. Par contre, un coureur ayant toujours couru avec une chaussure traditionnelle et n’ayant aucune blessure n’aura pas intérêt à changer pour une chaussure plus minimaliste, puisque son corps se sera adapté à cette chaussure.

Dois-je augmenter ma foulée afin d’augmenter ma performance ?

Selon la littérature, une cadence (nombre de pas par minute) plus élevée serait associée à une meilleure performance. Une cadence élevée est donc associée à une plus petite foulée (longueur de pas). Il est donc logique de penser qu’une cadence plus élevée serait optimale, car la mise en charge du pied au sol sera plus près du centre de gravité, ce qui permet une diminution de vitesse de force d’impact au sol et une diminution de la phase de freinage.

Au contraire, une augmentation de la longueur de la foulée mène habituellement à une attaque du talon qui, comme mentionné plus haut, augmente le risque de blessure. La cadence plus élevée serait aussi associée à une moins grande consommation d’oxygène, ce qui permettrait une économie d’énergie lors des performances. Pour toutes ces raisons, il est donc recommandé de diminuer la foulée pour augmenter la performance.

J’ai un pied plat ou bien un genou vers l’intérieur, ai-je plus de chance de me blesser ?

Les particularités anatomiques, telles une arche de pied affaissée ou bien un valgus du genou (genou vers l’intérieur) ne sont habituellement pas en lien avec une blessure étant donné que ces caractéristiques sont présentes depuis toujours et que le corps s’est adapté à celles-ci. Les particularités structurelles/anatomiques n’ont donc aucun lien avec les blessures de course, sauf si cette particularité est nouvelle, par exemple, suite à une blessure.   Dans ce cas précis, le corps n’a pas eu le temps de s’adapter à celle-ci et il sera important de rétablir cette déficience vers la normale afin d’éviter une blessure supplémentaire.   Dans le cas d’une personne sans antécédent de blessure, nous n’avons aucun intérêt à vouloir « réaligner » le corps à tout prix, le corps de chacun étant normal et différent à sa façon, il se sera adapté à ces différences.

Il est essentiel de retenir que peu importe vos questionnements, plusieurs ressources sont disponibles pour vous renseigner et qu’en cas de doute, il ne faut pas hésiter à consulter un professionnel de la course à pied, tel qu’un physiothérapeute, qui saura bien vous diriger et vous conseiller.

Réf: La clinique du coureur, 2019, « Nouveautés dans la prévention des blessures en course à pied ».
Photo de couverture prise au défi je bouge septembre 2018