Le retour au jeu sécuritaire

Suite à une blessure, le physiothérapeute se fait souvent demander à quel moment un athlète pourra retourner à son sport. Bien que l’évolution d’une condition varie d’une personne à une autre et que les décisions relèvent ultimement du « cas par cas », certaines grandes règles s’appliquent pour les blessures au système musculo-squelettique. Nous excluons ici les cas de commotion cérébrale et la reprise d’activités sportives suite à une chirurgie puisque divers protocoles régissent ces situations particulières.

Bien que la douleur puisse aussi influencer la prise de décisions, ce sont les capacités physiques qui nous intéressent particulièrement lorsqu’il est question de reprendre ses activités. Ainsi, le retour aux sports est guidé par l’atteinte d’objectifs progressifs, spécifiques à l’activité pratiquée.

Les premiers objectifs à atteindre suite à une blessure sont la récupération de l’amplitude articulaire et de la flexibilité de la région lésée. Par exemple, un joueur de volleyball s’étant blessé à l’épaule doit retrouver toute la mobilité de cette articulation afin d’exécuter ses services, ses blocs et ses smashs.

Une fois les amplitudes de mouvement satisfaisantes, le sportif doit récupérer sa force. On sait que l’inactivité est catastrophique pour le système musculaire : un muscle s’atrophie et perd jusqu’à 12% de sa force en 1 semaine1. Inversement, le corps récupère seulement 6% de cette force par semaine avec l’exercice2. Le renforcement musculaire devient donc primordial pour permettre à l’athlète de retrouver la puissance et la rapidité requises par son sport. De plus, une force musculaire suffisante apporte un meilleur contrôle des mouvements : un joueur de basketball amortira mieux l’atterrissage de son lay up ; un joueur de volleyball absorbera mieux l’impact du ballon lors d’un bloc. La région lésée se trouve ainsi davantage protégée.

Lorsque ces objectifs sont atteints, il faut redonner au corps son aisance : l’athlète doit retrouver ses réflexes, son agilité. Des exercices techniques individuels spécifiques au sport sont alors effectués en fonction de la région blessée. Un joueur de soccer ayant subi une entorse à la cheville, par exemple, reprendra ses exercices de déplacements latéraux, de contrôle de ballon et de dribbles ; un joueur de tennis blessé au poignet recommencera graduellement à frapper des balles. Ces diverses tâches seront réintroduites progressivement en regard de leur degré de difficulté.

Dans le cas des sports collectifs, il faudra ensuite reprendre les exercices en équipe. On privilégiera d’abord les aspects offensifs des entrainements où l’athlète contrôle ses gestes et prend ses propres décisions avant d’intégrer les aspects défensifs où il est en réaction à l’autre. Une fois le sportif confortable dans l’exécution de ses tâches spécifiques, il pourra reprendre les entrainements réguliers.

Il ne faut pas négliger l’importance de ces différentes étapes dans le retour au jeu : un retour précoce pourrait mettre en danger l’athlète. Un manque de force, une simple hésitation pourrait provoquer une nouvelle blessure. Il n’est pas rare aussi qu’une certaine appréhension s’installe suite à un traumatisme: on craint que ça ne se reproduise. Cela est tout à fait naturel, mais en réintégrant progressivement les gestes sportifs selon un ordre logique de difficulté, l’athlète pourra regagner sa confiance.

Évidemment, tel que mentionné plus tôt, il s’agit des grandes lignes directrices orientant les décisions quant au retour au jeu : plusieurs autres facteurs peuvent influencer ces décisions. Il peut arriver aussi que les différentes étapes se chevauchent et certaines tâches spécifiques peuvent parfois être permises malgré la blessure. Un joueur de basketball présentant une entorse au genou peut quand même exécuter des exercices de dribbles.

Ainsi, afin de démêler toutes ces étapes et de les effectuer au moment opportun, le physiothérapeute s’avère un excellent guide dans la reprise de vos activités. N’hésitez pas à le consulter afin de favoriser une reprise de votre sport optimale et sécuritaire.

1 Jiricka, M.K. (2008) Activity Tolerance and Fatigue -.. Pathophysiology: Concepts of Altered Health States, Eighth Edition: International Edition by Carol Mattson Porth

2 Nigam, Y. et al (2009) Effects of bedrest 3: musculoskeletal and immune systems, skin and self-perception.