Emilie Reiss Physiotherapeute

« Mon médecin dit que j’ai une tendinite de la coiffe des rotateurs! »

Ha! La fameuse coiffe des rotateurs! Bien que souvent acculée au banc des accusés, elle joue généralement plutôt le rôle de la victime lors de l’apparition d’une douleur à l’épaule. La coiffe des rotateurs fait référence aux tendons de plusieurs muscles qui s’attachent sur l’humérus au niveau de l’épaule. Leur rôle principal est de maintenir la tête de l’humérus au centre de l’articulation lors d’un mouvement.
Il est plutôt aisé de diagnostiquer une atteinte de la coiffe : des tests cliniques, une douleur à la palpation des tendons et, au besoin, une investigation en imagerie confirmera l’impression clinique. Le vrai défi est ailleurs : il faut trouver la cause de votre douleur. Pourquoi avez-vous développé cette fameuse tendinite? Si on ne corrige pas la cause, la problématique risque de durer ou de récidiver. C’est particulièrement vrai pour l’épaule : il s’agit d’une articulation spécialement complexe. Pour déterminer ce qui provoque la douleur, de nombreux facteurs doivent être évalués.
D’abord, évidemment, la posture. Une épaule bien positionnée permet de placer les structures anatomiques selon un alignement optimal. Cela fait en sorte, entre autres, d’éviter des accrochages indus entre les structures et de permettre aux muscles d’être dans un angle et une longueur idéaux lorsqu’ils doivent travailler. Par exemple, une épaule trop basse fait en sorte d’allonger le trapèze supérieur qui peut alors être moins performant pour élever l’omoplate.
Aussi, l’articulation doit être libre de toute contrainte : si un muscle ou une portion de la capsule (l’enveloppe de l’articulation) restreint le mouvement de l’épaule, celle-ci aura beaucoup de difficulté à bouger de la bonne façon.
Ensuite, pour qu’un mouvement soit efficace, l’articulation impliquée doit avant tout être stabilisée. Il est beaucoup plus facile de bouger sur quelque chose de solide que sur quelque chose d’instable. Vous n’avez qu’à comparer une échelle fixe à une échelle faite de cordages : la deuxième est beaucoup plus exigeante à escalader. C’est la même chose pour nos muscles : ils sont moins efficaces et se fatiguent plus rapidement si l’articulation qu’ils tentent de bouger n’est pas d’abord stabilisée.
Finalement, un mouvement au niveau de l’épaule fait intervenir de nombreux muscles et ceux-ci doivent suivre la bonne chorégraphie. Le synchronisme est primordial, une mauvaise coordination pouvant être particulièrement préjudiciable. Par exemple, si le trapèze supérieur se contracte tardivement, l’humérus risque d’entrer en collision avec l’acromion, la partie de l’omoplate qui le surplombe.
Ainsi, si une personne présente une posture où l’épaule est plus basse et enroulée vers l’avant, elle aura plus de difficulté à stabiliser son articulation pour permettre la bonne chorégraphie musculaire. Les muscles de la coiffe des rotateurs feront de leur mieux dans les circonstances, mais ils fatigueront ultimement et deviendront douloureux.
Tout ceci illustre l’importance d’une évaluation complète et détaillée de l’articulation et des mouvements de l’épaule. C’est en trouvant les éléments déficients que l’on pourra déterminer le meilleur traitement à prodiguer. Cela peut faire beaucoup de bien de diminuer la douleur par des modalités telles que les ultrasons et les courants interférentiels, mais si rien n’est fait pour rééduquer le positionnement de l’omoplate sur le thorax, par exemple, le risque est que le problème persistera dans le temps, tout comme les douleurs.
Les douleurs à l’épaule sont une raison de consultation fréquente chez le médecin et en physiothérapie. La thérapie demande du temps et de l’implication de votre part afin d’optimiser tous les éléments cités plus haut. Mais sachez que si les éléments problématiques sont bien ciblés, il y a de la lumière au bout du tunnel.