La dépression et l’anxiété dans la douleur chronique

Le phénomène de la douleur est un sujet encore mystérieux sur plusieurs aspects autant dans le domaine de la psychologie que de la médecine. L’article présenté a pour but de nous expliquer le rôle que peut jouer la dépression et l`anxiété chez les patients atteints de douleur chronique. La chronicisation de la douleur est un problème de société qui amène des recherches autant en médecine qu’en psychologie.

Selon des études faites dans l’article de O’Reilly et Aminata[1], les douleurs chroniques sont fréquentes dans les pays industrialisés et en développement. Certaines études soulèvent que les femmes seraient plus souvent atteintes et cela augmenterait avec l’âge. De plus, le taux de mortalité serait plus élevé chez les gens qui en souffrent.

La dépression est plus souvent la conséquence de la douleur chronique, et non pas la cause. Des auteurs ont porté attention aux facteurs influençant la dépression et ont relevé que l’âge, le niveau de scolarité, le genre et le statut marital étaient des facteurs socio démographiques qui l’influenceraient. À l’inverse, d’autres études n’ont trouvé aucun lien avec ces facteurs.

Il est vraiment étonnant de voir l’interrelation entre l’anxiété et la dépression. Dans l’article mentionnée précédemment, ils expliquent que : « Dans une étude menée auprès de la population générale, les personnes qui présentaient un trouble anxieux, 51,2% présentaient une co morbidité dépressive. À l’inverse, 22,1% de participants qui présentaient un trouble de dépression majeur avait une co morbidité anxieuse ». Ces données sont étonnantes et il est important d’en tenir compte autant chez le professionnel de la santé que chez le patient.

Parmi les facteurs psychologiques liés aux douleurs, l’anxiété est le facteur le plus prévalent. Elle peut commencer à se développer face aux signes et symptômes du patient et à l’évolution de sa douleur. Elle a pour conséquence  l’augmentation de la sensibilité à la douleur et peut avoir une influence sur la réponse physique du corps.

Il faut être prudent, car il peut y avoir rapidement l’installation d’un cercle vicieux. Un patient anxieux ou dépressif a tendance à avoir un manque de motivation et d’effort. Il devient donc moins actif et a tendance à avoir plus de pensées négatives. Cela amène ensuite un déconditionnement physique et un manque de gestion de la douleur. Ce qui nuit à la réadaptation.

Quatre facteurs cognitifs sont en lien avec ces deux syndromes (dépression et anxiété) : la dramatisation, la peur, le manque d’acceptation et le manque d’efficacité personnel.

D’abord, la dramatisation est la tendance à focaliser sur sa douleur et à l’exagérer. Elle peut amener une distorsion cognitive, c’est-à-dire des mauvaises interprétations. Ensuite, la peur de la douleur et du mouvement, qui peut amener un comportement d’évitement et nuire à la mobilité. Troisièmement, le manque d’acceptation de la douleur rend les patients plus sensibles à la dépression. Finalement, le manque d’efficacité personnel est aussi un facteur à ne pas négliger, car il joue un rôle entre la dramatisation et l’ajustement à la douleur. 

Le sujet de la dépression et de l’anxiété est encore tabou dans notre société. Les patients ne sont vraiment pas au courant de ce qui leurs arrivent. Ils se sentent incompris et pensent que le problème vient d’eux-mêmes. C’est à ce stade que les patients sont plus à risque de tomber en dépression. Si le patient comprend ce qu’il lui arrive, il sera moins anxieux, car il aura moins d’incertitude. Il sera plus facile pour lui de changer la perception de sa douleur et de l’aider à mieux gérer ses émotions. Il évitera peut-être les conséquences de la douleur chronique et cela aidera à un meilleur potentiel de réadaptation. [2]

La prise en charge thérapeutique de patients ayant des facteurs psychologiques  peut être un facteur nuisible à la bonne guérison de la pathologie. C’est pourquoi l’approche interdisciplinaire est un succès dans la réadaptation. Il y a plusieurs alternatives de traitements et de ressources. Il faut seulement être capable d’en discuter entre patient et professionnel afin d’être bien référé. L’ergothérapie en santé mentale est une bonne alternative de traitement. Elle a de multiples buts tels que d’aider le patient dans la gestion de sa douleur, de connaitre et accepter ses limites, de regagner sa confiance en soi et d’être capable d’exprimer ses sentiments. L’important pour assurer une bonne réadaptation, c’est que le patient soit bien pris en charge et qu’une relation de confiance thérapeutique soit installée entre patient et professionnel.

En conclusion, la littérature ne peut pas encore préciser les facteurs qui précèdent la douleur chronique. Par contre, il est clair que le traitement des facteurs psychologiques aide à la diminution de la symptomatologie douloureuse.  Cette révélation permet de montrer l’importance d’une intervention double focalisée sur la prise en charge médicale et psychologique.  Donc, il est important de garder en tête que l’aspect psychologique et physique sont étroitement liés et que l’être humain est un ensemble bio-psycho-sociale. Cette vison  fera la différence sur le résultat final de sa réadaptation physique.


[1] O’Reilly, Aminata. 2011. La dépression et l’anxiété dans la douleur chronique : une revue de travaux. Elsevier Masson. Journal de thérapie comportementale et cognitive. 126-133.

[2] Rivard,  M-J., Gingras,  D. 2012. La douleur de la souffrance au mieux-être. Édition du Trécarré . 192 pages.